Chers auditeurs et auditrices
C’est avec un grand plaisir et une fierté assez mal dissimulée que nous vous câblons aujourd’hui ce reportage, en direct du premier congrès des Vétérans des Brigades Roses, qui se tient cette semaine au Fort Mulin de Vierzon.
Vétérans des Brigades Roses ? Cela n’a pas l’air très clair !
Oui, une petite explication de texte s’impose. Eh bien, voilà : un vétéran n’est pas un vétérinaire spécialisé dans les soins aux varans, mais un ancien soldat, et par extension un ancien quelque chose.
des vétérans
Exemple : « mon iguane a de la conjonctivite, je vais l’emmener chez le vétéran » .
Euh, non, justement. Zut.
Vous n'y êtes pas, c’est cette histoire de " Brigades Roses" qui me semblait louche.
Ah, je comprends. (Les auditeurs ayant des notions de psychiatrie comprennent surtout que le rédacteur de ces lignes présente de nets signes de schizophrénie, à faire ainsi questions et réponses, et possède un monde intérieur riche mais vaguement inquiétant)
Ah ! Ah ! Ah !
Eh bien, soit : un rappel historique s’impose.
Le terme « Brigades Roses » désigne un ensemble informel de groupuscules de jeunes, nés dans le troisième quart du XXeme siècle, et qui avaient pour buts de combattre le crime. Certains groupes des b. roses ont acquis une réelle notoriété auprès du public grâce à la publication de leurs aventures, la plupart du temps en démantelant des gangs de faux-monnayeurs et de contrebandiers (selon une étude réalisée à la va-vite par notre secrétaire Danielle Génault, plus de 255 gangs de faux-monnayeurs ont été démantelés par des clubs de détectives enfantins, des scouts, grooms ou apprentis reporters entre 1955 et 1972).
Voilà : donc, ces bambins redresseurs de torts ont grandi, et ils se retrouvent pour leur premier congrès. Au programme : conférences ("comment reconnaître un traître", "je dresse mon chien à aller chercher les gendarmes", "je suis le gros-rigolo-qui-mange-tout-le temps, et alors ?"), libations, ragots en tous genres, parties de nain jaune et, qui sait, vélléités de renouer des liens distendus par les ans.
Pas de nouvelles de Félinette
A cette
occasion, nombreux étaient les observateurs à attendre le retour d'une
héroïne masquée qui a contribué à démanteler plus de quarante organisations
criminelles majeures, toutes situées dans un rayon de douze kilomètres autour du paisible village de Frambourcy (faisant de cette commune la plus criminogène d'Europe, loin devant Palerme et Genève). Vous avez sûrement reconnu cette justicière en costume fantaisie, la célèbre Félinette.
Cruelle déception : la fillette (qui doit désormais être une femme, et quelle femme !) n'a pas daigné montrer le bout de sa moustache. Notre reporter, Raymond Cartier, a donc dû se contenter d'interroger deux de ses anciennes camarades d'école, mesdemoiselles Francette et Filandrine.
Francette affectionne les justaucorps à capuche et pratique le karaté, la natation synchronisée, le curling de combat et le tantrisme. Elle vit seule avec son chat Belphégor. Filandrine fume comme un sapeur et est devenue cover-girl pour "Frambourcy Ciné".
Raymond Cartier : Belle journée ! Ce siège est-il pris ? Alors, vous êtes venues au congrès ?
Filandrine : Hi, hi !
Francette : Encore ce raseur, hier soir il m'a gonflée au bar avec ses histoires de modélisme ferroviaire.
RC : Ah, en effet, j'ai en effet un circuit au 1/43eme reproduisant avec fidélité la ligne Charleville-Troyes, et...
(ici l’enregistrement est interrompu par un bruit de coup de pied dans les tibias de notre reporter)
Nous n'avons donc pas eu d'autre information concernant un éventuel retour de Félinette. La troisième camarade de classe de cette dernière, mademoiselle Boulimique, aurait peut-être pu nous renseigner : mais elle n'a pas fait le déplacement à Vierzon, venant de signer un gros contrat avec les établissements de cure Xanty.
Restez à l'écoute de notre blogue, qui distilllera pendant toute la durée du congrès des informations exclusives voire inclusives et des rumeurs infondées sur les héros de b. rose.
Annexe : bibliographie des aventures de Félinette
Qui es-tu, Félinette ?
Félinette contre le Caniche
Félinette est au poil
Félinette et la pelote géante
Félinette chez les Lolcats
Pas de croquettes pour Félinette
Félinette dort sur le radiateur
Félinette joue avec un faux-monnayeur mort
Félinette revisite le concept d’ambivalence du réel
Félinette revisite le concept d’ambivalence du réel
Félinette a été enfermée par erreur dans un placard
Félinette se fait stériliser
Félinette contre Pierre Messmer
Félinette avale une boulette empoisonnée
réclame
ce billet est dédié à Georges Chaulet (1931-2012)
9 commentaires:
En tant que fan de George Chaulet et ancienne fervente lectrice des divers ouvrages consacrés aux brigades roses, j'ai grandement apprécié ce billet et ses références.
Merci!
Bien vu, mademoiselle Kantu.
Fantômette est la véritable super-héroïne et monsieur Cartier est encore en train de bidonner ses articles au Café des Sports.
Ah ! Félinette contre Pierre Mesmer, toute mon enfance et mon préféré dans la série.
La preuve est faite (enfin !), grâce à vous M Paul, que la prise prolongée de Xanty, ne peut rien contre les coiffures de mauvais goût. A croire même que le Xanty pourrait remplacer la laque à cheveux...
A creuser (confiez donc le dossier à l'indispensable M Cartier)
Une pensée pour Mr Chaulet . Formidable article et premier rire de la journée .
Cher M.Paul, peut-être savez-vous que le même type d'enquête a été effleuré par un de vos collègues.
http://www.bouletcorp.com/blog/2010/04/16/au-bistro-du-temps-naguere/
Par ailleurs, je remarque que tous les anciens membres recensés des Brigades Roses habitent dans une ville dont la première lettre est soit L soit M. Faut-il en conclure que ceux qui vivaient dans des zones moins centrales de l'alphabet ont été pourchassés et éliminés? Si oui, par qui? Essayez-vous par là de faire passer discrètement un message? Si c'est à moi qu'il s'adresse (ce qui est peu improbable puisque, mon nom l'indique, je suis un parfait inconnu), je vous informe que je n'ai rien compris et je me perds en conjectures? (une allusion à Louis Mermaz ne vous ressemblerait pas).
Ce complot doit être particulièrement obscur, cher anonyme, car moi même je ne vois pas d’où vous tirez ces L et M tandis qu’il est seulement fait mention de Frambourcy.
Filandrine semble bien être celle qui, de cover-girl pour Frambourcy-Ciné, en devint la Présidente sous le nom de scène de Laurence Parisot.
Je me suis sans doute exprimé de manière confuse : le petit encart photographique qui répertorie les "vétérans des Brigades Roses" les domicilie, dans l'ordre alphabétique, à Lyon, Marseille, Metz, Montluçon, Montpellier, Mulhouse. J'en ai conclu que tous ceux qui vivaient dans des villes situées plus au Sud ou plus au Nord de cette zone centrale de l'alphabet avaient subi un sort que vous préférez taire.
Enregistrer un commentaire