Notre billet de la semaine passée, révélant au monde effaré la terrifiante affaire des marionnettes du Führer, a eu des conséquences que nous étions loin d'anticiper.
Babinet, le colon de l'épouvante
Une panique sans précédent
Quelques exemples cablés par nos correspondants locaux en témoignent :
A Nuillé-sur-vicoin (Mayenne), les habitants doivent désormais déclarer les marionnettes en leur possession. Toute marionnette trouvée sans sa licence sera saisie et jetée en pâture aux chiens.
A Oucques (Loir et Cher), la municipalité a fourni des casquettes fluorescentes aux enfants des écoles afin de les repérer et de les évacuer vers les égouts en cas de spectacle de guignol «sauvage».
La fameuse foire aux cintres de Moyeuvre-grande (Moselle) a été retardée de deux jours, puis purement et simplement annulée, des rumeurs ayant circulé selon lesquelles Babinet aurait dissimulé de l'opium dans des cintres.
Babinet, le Rostropovitch de la délinquance
Tout cet émoi, bien que justifié par la gravité de la crise, est la première victoire de Babinet : créant dans le pays un climat de tension, il risque de le faire plonger dans le chaos, et le Pompidou du Crime n'aura plus qu'à se baisser pour le ramasser comme un fruit mûr, voire blet.
Heureusement, bien des citoyens ne cèdent pas à la panique, ni même à une certaine mélancolie ou encore à des crises d'impétigo. Spontanément, des hommes et des femmes ont décidé de réagir et de montrer à Babinet que le pays des Droits de l'Homme, de Victor Hugo, de Jean Moulin et de Youri Gagarine n'est pas décidé à capituler face à une séance de guignol du IIIeme Reich !
C'est ainsi que partout dans notre belle France, d'immenses mosaïques humaines à l'effigie du pire ennemi des nazi, Gérard de Gaulle, ont été érigées comme autant de contre-feux.
Presque partout, disons.
La mosaïque gaulliste de Chouilly (Marne). Il a fallu 1h30 d'efforts et 52 personnes (essentiellement des membres du club "Question pour un champion" de Chouilly) pour l'édifier.
Loin d'être purement symbolique, ce mouvement spontané est aussi l'expression du talent de nos compatriotes dans le domaine de la pictographie stalinienne et du culte des généraux morts. Gageons que, saisi par l'effroi et le remord à la vue de cette sainte baderne, Babinet déposera les armes, rendra les marionnettes et se tordra les mains en geignant « je ne suis qu'un misérable !»
ERRATUM
On nous apprend à l'instant par télégraphe de Chappe que De Gaulle ne se prénommait pas Gérard mais Charles. Peut-être ; dans ce cas, toutes nos excuses au Général et à sa veuve Ginette.
(réclame)